Rituels de naissance sur les cinq continents

Grigris, interdits alimentaires, cérémonies magiques, couvade… Dans les sociétés traditionnelles, tout est mis en œuvre avant même la conception pour faciliter la venue au monde du bébé.

16728236610_TWI.webp

On ne naît pas en Inde, comme au Mali, ou en Chine, mais dans toutes les sociétés traditionnelles, le bébé est attendu avec impatience. Après le mariage, le ventre des femmes est surveillé de près, et malheur à celle qui n’arrive pas à tomber enceinte ! Dans bien des communautés, en effet, être mère, c’est pour la femme l’assurance de préserver sa place au sein du foyer. Ainsi, de multiples rituels permettent de favoriser la conception, puis d’aider le bébé à venir au monde et à intégrer sa communauté.

Tout commence par des rites de fécondité qui devront être suivis à la lettre par les candidates à la maternité. Les pratiques les plus populaires, notamment en Asie et en Afrique, consistent à transférer le pouvoir de fécondité d’une femme ayant déjà eu un enfant à la femme qui veut tomber enceinte, en buvant dans sa main ou en endossant son habit, par exemple. Les amulettes sont aussi considérées comme une arme puissante. En Bolivie, par exemple, porter un embryon de lama séché en grigri permet de lutter contre la stérilité.

Dans certaines régions d’Amérique du Sud ou d’Afrique, l’infertilité est volontiers imputée à des causes surnaturelles, sorcières ou mauvais esprits. Pour comprendre l’origine de ce mauvais sort, on interroge alors les ancêtres et les esprits familiaux : un membre de la famille aurait-il violé des interdits ?

Quelles que soient les sociétés, un bébé garçon est toujours jugé préférable à un bébé de sexe féminin. C’est le cas en particulier en Asie. La famille vit comme un investissement à perte l’éducation de cette petite fille qui, une fois mariée, partira servir sa belle-famille. En Inde, l’infanticide des petites filles, synonymes d’une dot coûteuse, bat des records. Un héritier, lui, pourra aider aux champs, assurer la continuité de la lignée et accomplir les rites funéraires indispensables au salut de l’âme du père. De nombreux rituels doivent favoriser la conception d’un garçon. Un des plus répandus consiste à placer des objets – un arc et une flèche qui symbolisent l’attribut masculin par exemple – sous l’oreiller ou sous le lit du couple. En Papouasie, certains peuples font appel à une magicienne qui collecte des herbes, dont les boutons en forme de testicules seront ensuite donnés à manger à la future mère. À Taïwan et en Chine, le chaman découpe une figurine de papier et y inscrit le nom du bébé et son sexe, qu’il place ensuite en position fœtale, le temps de la grossesse.