Le concept de trouble d’apprentissage recouvre une réalité complexe. Il fait référence à des problèmes se manifestant très tôt dans le développement, comme les troubles du langage, et à d’autres qui n’apparaissent qu’au moment de la scolarisation, comme la dyslexie. Il désigne des troubles dont l’origine neurologique est avérée, mais aussi des problèmes découlant d’une motivation défaillante. Pour bien saisir la complexité de ce concept, un bref historique est nécessaire.
Trouble d’apprentissage et scolarité obligatoire
L’émergence du concept contemporain de trouble d’apprentissage est étroitement liée à l’apparition de la scolarité obligatoire. Face aux élèves présentant des difficultés d’apprentissage, les enseignants se révèlent alors démunis et la création d’un enseignement adapté est envisagée. C’est dans ce contexte qu’Alfred Binet crée en France le premier test d’intelligence en 1905. Le but de cet instrument est d’identifier les enfants devant bénéficier d’un enseignement spécial. Pour Binet et ses contemporains, les difficultés d’apprentissage sont en effet la conséquence d’un déficit intellectuel ou sensoriel. Cette conception réductrice des troubles d’apprentissage évolue toutefois rapidement.
À la même époque, plusieurs auteurs décrivent des cas de sujets incapables d’apprendre à lire, malgré des capacités sensorielles et intellectuelles apparemment normales. Les tests de QI vont permettre d’objectiver les compétences intellectuelles de ces sujets, et de distinguer les troubles spécifiques dont ils souffrent des troubles globaux qui caractérisent les retardés mentaux. Dans les nosographies actuelles, comme la CIM-10 ou le DSM-IV, le constat d’un QI non déficitaire reste l’un des critères de base des troubles spécifiques d’apprentissage, associé à l’absence de trouble sensoriel et à une scolarisation adéquate.