Une connectique de l'intelligence ?

Les esprits brillants n’ont pas plus de neurones que les autres. Mais ils ont un atout : la fluidité et la flexibilité de leur « connectome », c’est-à-dire de leur réseau neuronal. Un terrain d’investigations passionnant pour les chercheurs.

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En 1861, le docteur Paul Broca reçoit à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, un patient nommé Leborgne mais surnommé « Tan », car il est aphasique et ne peut prononcer que cette seule syllabe. Peu de temps après son admission, cet homme décède et le P. Broca procède à une autopsie. Il découvre une lésion cérébrale localisée. Il établit un lien entre cette lésion et l’aphasie et déduit que cette aire cérébrale correspond au langage. Cette thèse, aujourd’hui contestée, aura eu au moins un mérite : elle a inauguré de nombreuses recherches topographiques du cortex cérébral. L’une des plus fameuse, dans les années 1930, est celle de Wilder Penfield. Ce neurochirurgien canadien observe, lors d’interventions chirurgicales, que la stimulation électrique de certaines aires du cortex provoque des sensations ou des mouvements corporels. Chaque aire a selon lui sa spécificité : certains neurones seraient spécialisés dans la sensibilité de nos doigts, de notre langue, de notre nuque, etc. Il établit ainsi une cartographie « somatotrope », les homoncules ou homonculus, une sorte d’atlas permettant de situer les fonctions motrices et sensitives sur le cortex. On notera aussi, au passage, que dans les représentations classiques de W. Penfield, le pénis et le clitoris sont pudiquement absents, bien que de récentes découvertes aient permis d’en préciser la somatotopie corticale, plus proche des pieds que du périnée (ce qui pourrait légitimer l’expression « prendre son… »).

Les homoncules de Wilder Penfield

Dans les années 1930, le neurochirurgien Wilder Penfield montre que certaines parties de notre cortex sont « spécialisées » dans la sensibilité ou la motricité, ici de nos doigts, là de nos pieds, là de notre langue… Il dessine ces étranges « homoncules » (étymologiquement « petit homme »), l’un présentant les aires corticales de la motricité, l’autre les aires corticales de la sensibilité. Ces cartographies montrent que le corps se déploie sur le cortex, en proportion de sa richesse fonctionnelle et non de son importance pondérale.