Une planète équitable est-elle possible ? Trois questions à Marie Duru-Bellat

Ardente combattante des inégalités, la sociologue Marie Duru-Bellat plaide pour une justice globale 
qui puisse assurer une meilleure répartition des richesses.

Sociologue connue pour ses travaux dans le domaine de l’éducation, Marie Duru-Bellat élargit sa réflexion sur les inégalités. Cette grande voyageuse, qui arpente régulièrement les pays pauvres de la planète, publie un vigoureux petit essai sur les inégalités dans le monde. L’ouvrage comporte une dense discussion sur l’éthique de la justice, dans laquelle se confrontent des philosophes comme John Rawls et Amartya Sen. Il relie aussi finalement la question des inégalités à celle de l’écologie ; les ressources de la planète étant limitées, seule une « justice globale » peut permettre de les répartir équitablement.

 

En quoi les inégalités à l’échelle du monde sont-elles une menace pour la planète ?

D’abord, parce que les pays pauvres vendent aux pays riches les produits qu’ils fabriquent à bas coûts, avec des producteurs et des consommateurs sacrifiés (mauvaises conditions de travail, salaires très faibles…). Dans les pays riches, on profite de ces produits bon marché, mais les délocalisations et le chômage viennent contrebalancer ce bénéfice, sans compter les risques de dumping social. Par ailleurs, les pays pauvres sont désenclavés, grâce à la télévision et à Internet – leurs habitants peuvent avoir le sentiment que la meilleure façon de vivre une vie décente est d’émigrer, ce qui pose problème pour nombre d’États… Enfin, les inégalités constituent une menace d’un point de vue écologique : le style de vie très convoité des pays riches engendre une course à la consommation ruineuse pour la planète. Tant qu’il y aura des pays riches et des pays pauvres, les premiers auront le pouvoir et la capacité de transférer leurs nuisances et leurs pollutions dans les seconds, ce qui ne les encourage pas à les limiter.