Violences sexuelles : la fin de l'impunité ?

Viol, inceste, pédophilie… Les violences sexuelles sur les enfants, 
les femmes et même parfois les hommes sont aujourd’hui mises au sommet de l’échelle du crime et de plus en plus dénoncées dans le monde.

Décembre 2012, New Delhi : une jeune femme de 23 ans, qui rentrait d’une séance de cinéma avec son compagnon, est sauvagement agressée dans un bus, violée par six jeunes gens ivres puis jetée nue sur la chaussée. Elle décédera quelques jours plus tard de ses blessures. Cette affaire a enflammé l’Inde, alors que le Premier ministre lui-même admettait publiquement que les viols collectifs et les violences sexuelles à l’encontre des femmes sont monnaie courante dans ce sous-continent. La colère de la population, l’attitude scandalisée des médias indiens montrent cependant que les choses sont en train de changer… Au moins dans les esprits des jeunes générations, a déclaré un commentateur.

Le viol en assises

Harcèlement, mariages forcés, excisions, infanticides de petites filles, crimes d’honneur, viols collectifs ou incestes familiaux… Il existe depuis une trentaine d’années un consensus de la part des organisations internationales pour dénoncer et lutter contre ce qui est devenu, dans une vaste catégorie englobante, « les violences faites aux femmes ». La conférence de Nairobi en 1985, la déclaration de l’Onu en 1993 contre les violences physiques, sexuelles ou psychologiques, la conférence de Pékin (1995) ou le programme de l’OMS en 2002 attestent de cette prise de conscience mondialisée.

De fait, les programmes de lutte contre les violences sexuelles se sont multipliés depuis les années 2000, notamment dans les démocraties occidentales.

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En France, la loi du 23 décembre 1980 a marqué un tournant historique. Cette loi criminalise explicitement l’acte de viol (défini comme pénétration sexuelle de toute nature, commis sur autrui par violence, contrainte ou surprise) en rendant les auteurs passibles de la cour d’assises. La loi sur le viol participe en droite ligne des textes qui ont accompagné le mouvement d’émancipation des femmes. Non que le viol n’ait été condamné de longue date, et plus particulièrement à partir du XVIIIe siècle, explique l’historien Georges Vigarello. Mais, auparavant, il était perçu comme un acte immoral, une transgression sociale, dans des sociétés patriarcales où il portait atteinte au droit de propriété des hommes sur les femmes. C’était le père ou l’époux de la victime déshonorée qui portait plainte et s’estimait lésé. Les juges étaient d’ailleurs beaucoup plus enclins à l’indulgence lorsque la personne violée était de condition modeste. La suspicion d’une victime consentante, voire provocatrice, est une constante dans la défense des violeurs, qui ont longtemps bénéficié d’une indulgence sociale et judiciaire, explique de son côté l’historien Fabrice Virgili.