Au supermarché où je vais faire mes courses, je ne manque jamais de m’arrêter au rayon des livres, à l’entrée du magasin. On y trouve des étalages où sont placés les best-sellers : romans, essais, biographies de stars, ouvrages régionaux, de santé et de conseils pratiques. C’est là que j’ai trouvé le livre phénomène de Yu Dan, Le Bonheur selon Confucius.
Sans atteindre encore le rang des best-sellers mondiaux comme Da Vinci Code, Harry Potter ou Millenium, Le Bonheur selon Confucius fait tout de même partie des phénomènes éditoriaux hors normes. Sorti en Chine en 2006, il y aurait été vendu à 10 millions d’exemplaires, et il continue à faire partie des meilleures ventes dans de nombreux pays.
Son auteure, Yu Dan, avait 41 ans en 2006, lorsqu’est paru le livre. Cette charmante enseignante de littérature à l’université de Pékin a d’abord été propulsée sur le devant de la scène par une émission de télévision sur la CCTV, la chaîne nationale chinoise. Sa série de cours sur Confucius a captivé des millions de spectateurs. Quand le livre issu de ses émissions est paru, les lecteurs se sont rués dans les librairies. Au salon du livre de Pékin, 60 000 personnes s’étaient pressées en d’interminables files d’attente en espérant faire dédicacer leur livre.
Des vérités simples et éternelles
Ouvrons donc ce petit livre (moins de 150 pages) pour découvrir les trésors de sagesse qui s’y trouvent. Tout commence comme un conte : « Il y a plus de deux mille cinq cents ans, les élèves du philosophe Confucius rassemblèrent tous les événements de sa vie et de son enseignement qu’ils avaient pu recueillir. Ces récits ont été ensuite compilés et édités pour former les Entretiens de Confucius qui nous sont parvenus. »
Les Entretiens sont effectivement l’un des livres fondateurs de la pensée chinoise. Ce livre a fait l’objet, comme tous les grands textes fondateurs, de relectures et interprétations sans fin (encadré ci-dessous). Tous les commentateurs soulignent que le message de Confucius, qui s’exprime toujours par sous-entendus, est énigmatique, allusif et a été mal interprété par ses disciples. Yu Dan, elle, y a trouvé immédiatement des vérités « éternellement évidentes et simples telles que le soleil se lève tous les jours à l’est, que le printemps est la saison des semailles et l’automne celle des récoltes ».
Le livre est divisé en six parties d’égale longueur. La première est titrée « La voie du ciel et de la terre ». Elle souligne l’importance, pour une vie équilibrée, d’accorder l’idéalisme (les valeurs, des idées, les principes) avec la « terre » (c’est-à-dire le principe de réalité, le monde matériel, les lois de la nature). Celui qui vit dans le ciel est un rêveur, idéaliste et contemplatif. Il s’illusionne sur le monde et sera toujours déçu par le réel. Inversement, celui qui a perdu ses idéaux est un matérialiste, un hédoniste, un gestionnaire sans âme. La voie juste consiste à marier le rêve et les contraintes du réel. Là est le vrai réalisme.