Depuis des décennies, les sciences humaines soulignent le poids de l’éducation et de la culture dans les différences entre les sexes. La psychologue canadienne Susan Pinker n’hésite pas à prendre le contre-pied de ces thèses. Pour elle, les choses sont un peu plus compliquées. Les recherches récentes attestent qu’hommes et femmes ont des caractéristiques, des goûts, des inclinaisons liés à leur sexe biologique et invitent à porter « Un nouveau regard sur la différence hommes-femmes ».
Intitulé en anglais The Sexual Paradox, le titre français de ce livre, Le sexe fort n’est pas celui qu’on croit, ne donne pas une image fidèle de ses propos. Il n’est pas question pour elle d’établir une nouvelle hiérarchie entre les sexes, mais plutôt de prendre en compte, dans les sociétés contemporaines, la diversité des aspirations des hommes et des femmes…
Pourquoi les femmes, très brillantes à l’école, ne sont-elles pas aussi présentes que les hommes à occuper des postes de haut niveau, dans les affaires ou en politique par exemple ?
Intérêts, buts et priorités sont assez différents chez la plupart des hommes et des femmes. Une majorité d’entre elles veut concilier travail et vie privée (famille, amis…) et se révèle moins sensible à l’importance du salaire ou à l’engagement dans le travail que beaucoup d’hommes. 70 % des femmes ajustent leurs horaires de travail ; elles choisissent quand elles le peuvent des temps partiels pour équilibrer ces différentes activités.
Les différences observées ne proviennent pas de différences de capacités intellectuelles mais de caractéristiques féminines dont découlent des choix volontaires.
Par exemple, beaucoup de femmes sont plus douées pour l’empathie et le langage. Elles se dirigent alors vers des emplois qui valorisent leurs goûts et leur désir d’aider les autres : les métiers de l’éducation, les professions intellectuelles ou la psychologie. Si, à l’école, elles réussissent aujourd’hui aussi bien que les garçons en mathématiques et en sciences, elles préfèrent s’orienter vers les sciences cognitives, la biologie ou la médecine (où elles sont de plus en plus nombreuses), alors qu’elles sont moins attirées par les mathématiques pures et la physique, même si elles peuvent y réussir très bien.
Mais évidemment, le monde n’est pas tout noir ou tout blanc : ce sont des caractéristiques majoritaires que je décris dans mon livre. Il n’est pas question de dire que 100 % des femmes (ou des hommes) correspondent à ces profils. Dire par exemple que les femmes sont plus empathiques ne signifie pas que les hommes ne peuvent pas posséder cette capacité.