Faut-il laisser son bébé jouer avec une tablette ?

Télévisions, tablettes, ordinateurs… Les écrans de tous genres ne cessent de fleurir dans l’univers des moins de 3 ans. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Nathan, 18 mois, écarquille les yeux et esquisse une mimique concentrée – la bouche entrouverte – comme s’il venait de saisir la complexité de la théorie du big bang. En fait, il vient tout juste de déverrouiller une tablette tactile. De son petit doigt potelé, il appuie sur les icônes, lance des vidéos, et fait défiler des images en caressant l’écran. Ses parents le regardent d’un œil admiratif, trouvant leur chérubin fort habile. Ironie du sort : sur YouTube, nous pouvons voir un chat essayant d’attraper un petit poisson virtuel à l’aide de sa patte droite, sur une tablette, avec une adresse comparable à celle de Nathan. C’est un fait : les concepteurs de ces joujoux numériques ont su créer un produit à la portée d’une poignée de mammifères, le bébé humain compris.

Une exposition aux écrans de plus en plus massive

Le constat des professionnels de la petite enfance est unanime : le contact avec les écrans est de plus en plus précoce, de plus en plus prolongé. Celui-ci peut d’ailleurs s’opérer de manière indirecte dès la maternité, lorsque la télévision vient s’immiscer dans l’intimité des tout premiers échanges entre une maman et son nouveau-né. Quelques mois plus tard, l’enfant devient un consommateur à part entière, pouvant passer des heures entières avec une télécommande ou une tablette à la main. Véritable baby-sitter d’appoint, l’écran captive le petit spectateur, octroyant aux parents débordés la liberté provisoire de vaquer à leurs occupations. Pendant ce temps, les entrepreneurs intrépides se frottent les mains : le marché de la tablette pour bébés est né. Leur objectif annoncé ? Stimuler l’intelligence et les apprentissages des tout-petits. Une perspective qui ne manque pas de séduire les parents. Pour autant, ces mêmes concepteurs sont parfois les derniers à mettre une tablette entre les mains de leurs propres enfants, Steve Jobs et quelques dirigeants de la Silicon Valley en tête. Comment expliquer un tel paradoxe ?