La beauté fait couler beaucoup d’encre. Pourquoi un tel intérêt pour le sujet ? La sociologue Claudine Sagaert propose des éléments de réponse en s’intéressant non pas aux secrets de beauté de ceux qui le sont « naturellement », mais à l’opposé : la laideur. Le livre en propose une histoire. Dans le prolongement des travaux de Michel Foucault, l’auteure considère que l’apparence physique, loin d’être négligeable, est un enjeu de pouvoir : elle participe à notre fortune comme à notre infortune.
Trois représentations de la laideur
Historiquement, la laideur concerne particulièrement la nature féminine, constate C. Sagaert. Elle distingue trois périodes qui ont marqué les représentations de la laideur, la faisant passer d’un état subi à une caractéristique choisie. De l’Antiquité grecque à la Renaissance, la laideur est une spécificité ontologique des femmes. C’est l’être féminin dans sa globalité physique comme morale qui est hideux. De grands penseurs de l’époque en témoignent. Ainsi, chez les Grecs, la laideur physique reflète la laideur morale. Pour Platon, naître femme est une punition. Les aimer est un signe de faiblesse. Saint Thomas déclarait que la femme est un homme raté. Et mesdames, point de salut dans le maquillage : la laideur est une punition du ciel chez les chrétiens. La refuser en utilisant des artifices est une insubordination au divin.