Internet, la pensée sans frontières ?

Le Web met à la portée de chacun une somme incalculable d’informations sur les sciences humaines. Reste à se retrouver dans ce dédale de contenus, moins universel qu’il y paraît.

Consulter le dernier sommaire de la revue Contribution to Indian Sociology, écrire un mail au prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, lire le blog d’un anthropologue colombien…, avec le Web, c’est virtuellement l’ensemble de la communauté mondiale des sciences humaines qui s’offre à qui veut. Une révolution dans la pensée ? Pas tout à fait. Enfin, pas encore.

Ce qui est chamboulé, c’est l’accès à l’information. Institutions, chercheurs, laboratoires, revues : tout ce qui fait, tous ceux qui font la recherche sont désormais présents d’une manière ou d’une autre sur le Net. Autre évolution : la disponibilité des contenus scientifiques. Les revues papier sont désormais quasiment obligées de mettre en ligne, gratuitement ou non, une version électronique de leurs contenus récents et de leurs archives.

Se multiplient également les revues électroniques, qui ne publient que sur le Web, la gratuité étant alors la règle. De ce point de vue, Internet tend à devenir une véritable bibliothèque à domicile. D’autant que certaines institutions développent des politiques d’archivage en encourageant les chercheurs à déposer l’ensemble de leurs productions scientifiques sur des sites consacrés et accessibles à tous. La déclaration de Berlin, signée le 22 octobre 2003 par 243 organismes de recherche à travers le monde, donne une dimension solennelle à ce modèle du libre accès : « Pour la toute première fois, l’Internet nous offre la possibilité de constituer une représentation globale et interactive de la connaissance humaine, y compris son patrimoine culturel, et la garantie d’un accès mondial. Nous, signataires, ressentons l’obligation de relever les défis que nous pose l’Internet, support fonctionnel émergeant pour la diffusion de la connaissance. À l’évidence, ces évolutions seront en mesure de changer sensiblement l’édition scientifique tout comme le système actuel d’assurance de la qualité. » Et les signataires d’en appeler à « un Internet qui soit un instrument fonctionnel au service d’une base de connaissance globale de la pensée humaine ». On ne fait pas plus lyrique !

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