Elle s’appelait Luna. « Longtemps, je l’ai identifiée à la lune, à la déesse Astarté que prie Salammbô, et, à chaque pleine lune, je lui rendais un culte. Encore aujourd’hui, pendant les moments de tristesse, son souvenir revient. De sa mort, je ne me suis jamais remis. Et, pendant toute ma vie, j’ai rêvé d’elle. » C’est en ces termes qu’Edgar Morin, âgé aujourd’hui de 101 ans, rend hommage à sa mère, décédée lorsqu’il avait 10 ans (Le Monde, 2 octobre 2022).
Nombreuses sont les autobiographies qui évoquent les souvenirs parentaux et, plus particulièrement, les marques laissées par la mère chez leurs auteurs.
Annie Ernaux, prix Nobel de littérature en 2022, avait consacré à la sienne un ouvrage dans lequel elle décrivait, malgré l’ambivalence de ses sentiments, son attachement viscéral à la vieille femme diminuée que sa mère était devenue (Une femme, 1989).
Dans Une mort très douce (1964), Simone de Beauvoir racontait les derniers jours de sa mère atteinte d’un cancer : « Je n’avais jamais sérieusement pensé que je la verrais disparaître un jour », confiait-elle dans ce texte plein de douceur et d’empathie, devant l’agonie de sa génitrice qui l’avait pourtant rendue si souvent malheureuse par ses critiques et sa rigidité.
« Comme des dizaines d’auteurs avant moi, j’ai décidé d’écrire sur ma mère », confie Delphine de Vigan dans Rien ne s’oppose à la nuit (2011). Pourquoi une telle démarche de la part de la fille de « l’héroïne » si ce n’est pour percer le mystère de la mère qu’elle a portée, qu’elle a subie dans ses moments de crises bipolaires, sans jamais cesser de l’aimer ?
En 2021, Christine Détrez, chercheuse et enseignante en sociologie, malgré une carrière bien remplie, publie un roman au titre évocateur où, sous forme d’enquête, elle cherche à retrouver l’histoire de vie de sa maman disparue lorsqu’elle avait 2 ans (Pour te ressembler, 2021). Et l’on pourrait en citer bien d’autres…