La mobilité professionnelle en questions

La mobilité professionnelle est une réalité de plus en plus partagée. 
À cela trois raisons essentielles : la montée du chômage, l’essor du travail temporaire et la quête d’une réalisation de soi à travers le travail.

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1 ◊ Un phénomène en expansion

Fabienne quitte un poste de vendeuse de vêtements pour un emploi-jeune dans la police, Colette renonce à l’ortho­phonie pour devenir responsable d’un rayon littérature à la Fnac, Joël quitte un emploi en CDI à Caen pour partir à Montpellier où il est engagé comme saisonnier (1)… La mobilité professionnelle est dans l’air du temps. Comme le souligne Catherine Négroni, le phénomène se situe à l’intersection de deux tendances. La première est celle de la crise de l’emploi, entraînant une fragilisation de la relation salariale et une vulnérabilité accrue au chômage. La seconde prend source dans la valorisation croissante de la quête de l’identité personnelle qui incite les individus à chercher dans le travail avant tout une réalisation de soi.

Subies ou volontaires, les mobilités professionnelles semblent en tout cas être en hausse dans l’ensemble des pays industrialisés – même si, en la matière, la mesure reste complexe. Selon la Dares, près de 30 % des personnes en emploi en 1998 avaient changé de métier en 2003 (2). Dans deux cas sur trois, cela impliquait un changement de domaine professionnel (de la catégorie « attachés commerciaux et représentants » à la catégorie « enseignants », par exemple). Quant à la mobilité externe, entendue comme la proportion de salariés ayant connu un changement d’entreprise ou un passage par le chômage au cours de l’année, elle est passée d’un taux de 12 % en 1975 à 16,5 % en 2001, puis s’est stabilisée, au cours de la décennie 2000, à un niveau élevé de 18,6 % en 2009 (3).

 

2 ◊ Un effet de la précarité

La mobilité professionnelle, en particulier externe (encadré p. suiv.), est d’abord liée à la montée accrue du chômage – qui concerne un quart des transitions – et à l’essor des emplois temporaires. Sur les 30 millions d’embauches annuelles (4), plus de la moitié correspondent soit au début d’une nouvelle mission d’intérim, soit à une embauche sur un contrat très court (9,7 jours en moyenne en 2005). Le reste correspond aux deux tiers à des embauches en CDD ou en contrat aidé.