Quelles ont été les évolutions les plus marquantes depuis 1990 en termes de religion ?
La première grande date qui a marqué l’aurore du 20e siècle est 1991 : la chute des pays communistes a provoqué le rattrapage du retard de l’orthodoxie et du bouddhisme. Ces religions sont celles qui avaient le plus diminué au cours du 20e siècle car elles se trouvaient majoritairement dans des territoires sous contrôle communiste. Entre le début du 20e siècle et 1990, elles avaient divisé chacune leur nombre de croyants par cinq. La chute du rideau de fer et du rideau de bambou marque la fin de l’athéisme militant. Lorsqu’aujourd’hui, Vladimir Poutine se présente en Syrie comme le défenseur des chrétiens orthodoxes, c’est un changement majeur. De même, la libéralisation de l’espace est-asiatique ouvre une nouvelle porte au bouddhisme. Même si certains pays restent sous un gouvernement communiste en Asie du Sud-Est, leurs politiques ont évolué vers un plus grand respect de l’individu et des croyances. Le bouddhisme et l’orthodoxie ont donc regagné du terrain.
La deuxième date qui est primordiale est bien évidemment le 11 septembre 2001, c’est à ce moment qu’émerge l’idée que l’islam est le problème n° 1, quitte à confondre islam et islamisme, musulmans et terroristes. On a redécouvert à ce moment-là qu’il pouvait exister une violence de nature religieuse, ce que l’on avait complètement oublié, alors que pourtant l’histoire est jalonnée de violence religieuse : pensez aux croisades !
Enfin, si l’on recentre le regard sur la France, la grande évolution récente est liée au défilé du 11 janvier 2015, aux attentats de Charlie Hebdo. Une semaine plus tard ont eu lieu des attentats à Niamey, au Niger. La France est devenue à ce moment-là, avec Israël et les États-Unis, la cible n° 1, comme l’ont montré les tragiques événements du 13 novembre 2015. Aujourd’hui, le ministère des Affaires étrangères recommande de ne pas se rendre dans 41 pays qui sont presque tous musulmans. On voit apparaître un croissant vert qui s’étend du Pakistan au Nigeria où les ressortissants français doivent rester chez eux. Les écoles françaises ne parviennent plus à recruter de professeurs ou de proviseurs. Cette situation était déjà en gestation avant bien sûr, mais quelque chose de nouveau s’est produit à ce moment-là : la laïcité très dure à la française subit aujourd’hui un rejet massif à l’international.