Les enfants précoces

On les appelle « surdoués », « enfants intellectuellement précoces » ou « à haut potentiel ». Le point commun : avoir un QI supérieur à 130. Comment les repérer, les éduquer et les aider à s’épanouir ?

Comment reconnaît-on un enfant surdoué ?

« Qu’est-ce exactement que le big bang ? Qui peut prouver que cela s’est bien passé comme ils l’affirment ? Si l’origine de l’Univers est le big bang, alors nous sommes tous d’origine extraterrestre ?  1 » Si votre enfant n’a que 6 ans et vous pose déjà ce genre de questions, alors il se peut qu’il fasse partie de ces petits génies au QI supérieur à 130 que l’on nomme enfants précoces, surdoués ou petits zèbres. Ce sont en général des enfants extrêmement curieux qui questionnent tout. Chaque question en appelle une autre et ils peuvent ainsi vous bombarder d’interrogations jusqu’à épuisement (le vôtre en général, pas le leur). Aujourd’hui, les enfants surdoués sont devenus un phénomène de mode. On en parle beaucoup dans les médias, de nombreux livres sont publiés chaque année sur ce sujet. Cela pourrait donner l’impression qu’il y en a de plus en plus. Or, il y a toujours eu autant d’enfants à haut potentiel. Tout simplement parce que les tests d’intelligence sont fabriqués de manière à ce que les résultats suivent à peu près une courbe de Gauss. La grande majorité des gens se situe autour d’un QI de 100 et on retrouve environ 2,3 % de la population à chaque extrémité, au-dessus de 130 ou en dessous de 70. Il y aurait donc environ 2,3 % d’enfants à haut potentiel intellectuel en France, dont beaucoup sont ignorés, par ailleurs. Ces enfants ont des profils divers et variés. Mais il y a tout de même certaines caractéristiques que l’on retrouve fréquemment. Ainsi, dès la naissance, ils peuvent surprendre par leur regard qui fixe déjà les yeux de l’adulte, alors qu’en général ce n’est qu’à la fin du premier mois qu’un enfant parvient à le faire. Les bébés précoces sont souvent très toniques, comme si très tôt ils commençaient à vouloir explorer le monde. Quand ils commencent à parler, ils vont d’emblée faire des phrases complètes sans passer par le langage bébé. À l’entrée du CP, ils savent déjà lire pour la grande majorité d’entre eux. Leur soif de connaissances n’a que peu de limites, au point que le soir, ils s’endorment souvent tard, occupés à dévorer des livres ou à se poser des questions existentielles. Anticonformistes, imaginatifs, rêveurs, ils ressemblent un peu au portrait du parfait révolutionnaire. Ils n’aiment pas les choses bien établies, les règles, les routines, surtout quand elles manquent de sens. Créatifs, ils utilisent souvent leurs propres méthodes pour résoudre un problème et regorgent d’idées originales. Ils ont aussi beaucoup d’humour et s’amusent très tôt avec des jeux de mots ou des doubles sens. Ce qui les différencie principalement des autres enfants est leur manière de raisonner. Ils ont une pensée en arborescence. Contrairement à la plupart des enfants qui vont procéder de façon séquentielle pour traiter un problème (petit a, petit b, petit c…), l’enfant surdoué peut partir dans plusieurs directions à la fois. À un mot-clé, il va associer une multitude d’informations dont chacune va appeler elle-même de nouvelles données et ainsi de suite. Tout va très vite et la plus grande difficulté sera de séparer l’utile du superflu dans cette masse d’informations qui arrivent dans son cerveau.

 

Comment leur cerveau fonctionne-t-il ?

Les recherches sur le cerveau des enfants surdoués 2 montrent une activité cérébrale plus élevée comparée à celle des autres enfants. Leur cerveau carbure en permanence, même quand ils ne sont pas en train de réfléchir. Du coup, pour faire un exercice, ils font moins d’efforts que les autres, ce qui peut expliquer leur plus grande rapidité et la sensation d’ennui qu’ils éprouvent à les attendre. Certaines tâches qui demandent des efforts de concentration considérables à un enfant lambda semblent se faire de manière automatique chez eux. On peut dire que les enfants à haut potentiel ont un cerveau à la fois plus efficace et plus puissant. Des recherches sur l’anatomie ont par ailleurs montré que leur cerveau se développait plus vite comparé aux enfants du même âge. Son activité électrique s’apparente à celui d’enfants bien plus âgés qu’eux. On peut donc bel et bien parler de précocité. À Lyon, le pédopsychiatre Olivier Revol, coauteur du livre 100 idées pour accompagner les enfants à haut potentiel 3, a débuté avec une équipe de chercheurs une étude, toujours en cours, portant sur le cerveau de 80 enfants intellectuellement précoces âgés de 8 à 12 ans. Les premières conclusions montrent une plus grande souplesse au niveau du traitement des informations chez les enfants surdoués. « Ces enfants utilisent simultanément plusieurs régions du cortex, ce que ne font pas les autres. Quand on demande par exemple à un enfant surdoué qui était Christophe Colomb, il va activer aussi bien les aires visuelles, auditives et olfactives », explique O. Revol. Ainsi, il verra peut-être en même temps la carte de l’Amérique, il entendra la musique du film qui retrace son odyssée et sentira le parfum de la mer. Un enfant « ordinaire » ne sollicitera qu’une aire à la fois pour répondre à la question et risque donc d’être plus lent. Cette découverte confirmerait l’idée d’une pensée qui part dans plusieurs directions à la fois chez les enfants doués, ce qui pourrait expliquer leur raisonnement rapide.