Les pères, des mères comme les autres ?

Alors que la paternité s’envisage désormais en dehors du couple hétérosexuel, les normes de genre seraient-elles en train de voler en éclats ?

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Le modèle du pater familias antique, qui régnait sur sa femme et ses enfants, a longtemps prévalu en France. Il est remis en cause dès la Révolution ; l’institution du mariage et du divorce est alors censée limiter « la tyrannie des pères » 1. Mais la critique fait long feu : quelques années plus tard, le Code civil napoléonien entérine la norme du « chef de famille », à qui la femme doit obéissance. Ce texte ne sera supprimé qu’en… 1970, alors que l’idée de « nouveaux pères » émerge après Mai-68, sur fond d’égalité hommes-femmes. La famille est censée devenir démocratique, l’autorité parentale « conjointe ». La paternité institutionnelle et autoritaire laisse place à une paternité plus positive et relationnelle.

Ces dernières décennies, les pères sont de plus en plus attendus sur d’autres terrains : implication dès la grossesse, participation aux tâches quotidiennes (changer les couches, donner le biberon, lire des histoires…). « L’amour paternel peut désormais se concevoir dans l’implication interactive, directe, auprès de l’enfant », observe la sociologue Christine Castelain-Meunier 2. 92 % des pères assistent aujourd’hui à l’accouchement. Selon l’Insee, entre 18 et 30 ans, ils passent en moyenne 36 minutes de plus par jour à s’occuper de leurs enfants qu’en 1985 (surtout pour jouer et sortir avec eux). En 2021, le congé paternité passe de 11 à 25 jours. De plus en plus de pères prennent en charge leur enfant dans le cadre de la garde partagée, qui concerne 11 % des enfants dont les parents sont séparés.