Lev Semionovitch Vygotski, né en 1896 a pleinement adhéré aux espoirs de la Révolution d’octobre. Mort en 1934, il a échappé de peu aux persécutions staliniennes. Son œuvre a été retirée du commerce et republiée à partir de 1956.
Cependant, il est, avec Jean Piaget, Henri Wallon et Jerome Bruner, considéré comme l’un des grands psychologues du développement. La psychologie du développement cherche à comprendre comment se construisent les capacités mentales des humains. Elle se démarque des perspectives de l’innéisme tout comme de l’empirisme. Le concept de « construction » est central autant pour Piaget que pour Vygotski : l’enfant se développe en interagissant avec son environnement. Mais pour comprendre pleinement l’originalité de la démarche vygotskienne, il est nécessaire d’introduire le concept de « culture » tel qu’il est entendu dans la théorie historico-culturelle de cet auteur.
Une théorie historico-culturelle
On ne peut comprendre la formation des capacités humaines que si l’on part de l’appropriation par le jeune enfant des savoirs et savoir-faire produits historiquement et déposés hors de l’individu dans le monde de la culture. C’est la thèse centrale que Vygotski soutient dès le premier chapitre de Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures (1930-1931).
Or l’appropriation du monde humain ne peut se faire que dans des contextes patiemment construits, au cours d’interactions tissées entre adultes et enfants. Ces « contextes intersubjectifs » constituent pour les jeunes enfants la « fenêtre » par laquelle ils entrent dans la culture. Outre des outils techniques, les sociétés humaines créent des « outils psychologiques » – notamment le langage et toutes sortes de signes. Les moyens mnémotechniques sont l’exemple classique de ce que Vygotski nomme « outil psychologique », c’est-à-dire des outils permettant d’agir sur et de transformer ses propres processus.