La petite histoire veut que ce soit sur un bateau, en 1955, que le jeune Noam Chomsky, 27 ans, terrassé par le mal de mer, décida de « rompre presque entièrement avec ce qui se faisait dans le domaine » (de la linguistique structurale), à savoir la description des langues dans ce qu’elles ont de particulier. Le projet de Chomsky est formulé pour la première fois dans Structures syntaxiques (1957) et consiste à établir les procédures fondamentales qui permettraient de former des phrases dans toutes les langues du monde. L’ambition du linguiste est de fournir un modèle de grammaire qui soit à la fois « universel » et « génératif ». Universel car il existerait au-delà des grammaires de surface propres à chaque langue, des règles syntaxiques communes à toutes les langues du monde ; et génératif, car ces règles permettent d’engendrer tous les énoncés d’une langue, des phrases les plus simples aux plus complexes.
L’arbre syntaxique
La grammaire générative est un peu à l’image du code génétique qui produit un nombre infini de formes par combinaison d’un nombre limité de protéines. Pour construire son modèle, Chomsky part donc à la recherche de « constituants » fondamentaux et de règles de syntaxe qui permettent de produire des énoncés.
Soit la phrase « Le boulanger fait du pain ». Elle peut être décomposée en deux éléments : un « syntagme nominal » (le boulanger) et un « syntagme verbal » (fait du pain). La structure de cette phrase peut se réduire à une formule algébrique simple : P = SN + SV