Vous défendez le « partage du travail », qu’entendez-vous exactement par là ?
À tout instant, le volume de travail réalisé dans un pays est réparti sur la population en âge de travailler. Il y a simplement différentes manières de le (re)distribuer, plus ou moins volontaires. Dans notre société, certains travaillent trop et font des burnout, d’autres travaillent trop peu. Le temps de travail est réparti d’une manière sauvage, au hasard des fermetures d’entreprises, des dates d’arrivée sur le marché du travail, des diplômes détenus, au détriment des moins qualifiés, des femmes, des immigrés, des seniors ou encore des jeunes… On devrait y substituer un partage civilisé, tel qu’un maximum de personnes puissent accéder à l’emploi et que la durée travaillée par chacun soit assez homogène, autour des 32 heures par semaine par exemple, ce qui devrait contribuer à résoudre la question du chômage.
Ce « partage » n’impliquerait-il pas une remise en cause du principe méritocratique, selon lequel ceux qui ont un emploi seraient, a priori, les plus « méritants » ?
Je ne crois pas que ceux qui réussissent dans la société soient ceux qui ont le plus de mérite. Les dés sont largement pipés, notamment du fait des origines sociales. Par ailleurs, ma réflexion s’inscrit dans une perspective égalitaire, les niveaux actuels d’inégalités étant aujourd’hui insupportables. Il est nécessaire de redistribuer l’emploi et l’accès aux revenus, non seulement entre salariés, mais aussi entre salariés et détenteurs de capital.