Pourquoi l'art nous transporte

Une musique, une sculpture, 
un tableau, peuvent-ils 
nous émouvoir ? Oui, d’autant plus qu’ils feront écho à nos expériences personnelles. Ce dont notre cerveau semble friand.

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Un concerto de Mozart, une toile de Van Gogh, et le soleil pénètre dans nos corps et nous réchauffe, même s’il fait froid dans notre vie ou si l’œuvre est triste. Comment un tel miracle est-il possible ? Platon avait-il raison en nous attribuant une âme venue d’un monde idéal, prisonnière de nos corps et léthargique, qui ne se réveillerait et ne nous transporterait qu’en percevant la beauté de ses origines ?

Lorsque nous entendons une musique qui nous plaît, les zones de notre cerveau impliquées dans le décodage des sons, à savoir les régions temporales, deviennent plus actives, comme si nous augmentions le volume. Immédiatement se mettent en route des circuits antérieurs frontaux qui interviennent dans le travail de la mémoire : le plaisir en musique se nourrit, en effet, du souvenir des mesures écoulées qui permet d’anticiper les suivantes. Le compositeur saura, quant à lui, alterner des accords prévisibles, rassurants, avec des inventions surprenantes, qui réactivent notre attention. Répétitions et différences, tensions et résolutions se retrouvent dans toutes les musiques du monde, à commencer par le chant des oiseaux, celui des baleines, des gibbons, ou les berceuses maternelles : bébé s’endort en sécurité lors des répétitions, les différences l’éveilleront et sculpteront son cerveau. Il éprouvera plus tard les mêmes sensations avec la musique dite « galante » de Mozart, et Stromae lui fera retrouver sinon son papa, du moins sa maman.