Qui sème les inégalités récolte la violence

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Le niveau de violence est très inégal d’un quartier à l’autre d’une ville : à Chicago, dans les années 1990, le taux d’homicides variait, par exemple, du simple au centuple selon les endroits. Pourquoi de telles différences ? Des chercheurs de l’institut Max-Planck sont les premiers à formaliser le problème. Ils ont conçu un modèle mathématique inspiré de la théorie des jeux, au centre duquel se trouve un « seuil de désespoir ».

Les individus qui se trouvent en dessous de ce seuil ont peu à perdre et beaucoup à gagner s’ils prennent des risques : voler par exemple, mais aussi se battre. « La violence envoie un “signal de fermeté” qui réduit le risque d’être exploité », écrivent les chercheurs. Loin de présenter les comportements violents comme irrationnels ou pathologiques, Benoît de Courson et ses collègues les analysent comme une « réponse appropriée à un contexte ». Le recours à la violence pour se forger une réputation concerne ainsi toutes les personnes qui vivent dans un quartier inégalitaire, même celles qui ne sont pas pauvres.

Ce modèle explique l’explosion des violences quand les inégalités augmentent ou que la population s’appauvrit – dans les deux cas, les individus sous le seuil de désespoir devenant plus nombreux. Mais il permet aussi de comprendre la persistance de la violence dans les sociétés où les inégalités ont pourtant diminué : si faire preuve de violence est un moyen efficace de se protéger, elle n’est pas près de cesser ! 


Source

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• Benoît de Courson et al., « Why is violence high and persistent in deprived communities ? A formal model », The Proceedings of the Royal Society B, 22 février 2023.