1 · L’idéologie : au nom des idées
Il est des idées qui tuent. Au 20e siècle, ce fut le cas des idéologies totalitaires (nazie ou communiste). Concernant l’islam, certains mettent en avant la violence fondatrice du Coran, dont certaines sourates semblent explicites : « Ne prenez pas (les mécréants) pour alliés tant qu’ils n’auront pas émigré pour la cause de Dieu et s’ils se détournent, emparez-vous d’eux et tuez-les où que vous les trouviez (sourate 4). »
Mais cette thèse a plusieurs arguments contre elle. D’abord, toutes les sourates doivent être contextualisées : la tradition du jihad militaire n’est d’ailleurs pas dans le Coran. Elle a été forgée par un courant minoritaire d’oulémas en lutte pour le pouvoir. L’islam a connu au cours de sa longue histoire une « époque des Lumières » (9e-14e siècle), des formes politiques diverses (donc certaines proches de la laïcité), des courants pacifistes (soufisme) et dans l’ensemble une morale de bienveillance à l’égard d’autrui.
L’histoire des religions montre, du reste, qu’un même message fondateur peut être interprété et remodelé au fil du temps dans des directions très diverses. Toute religion est susceptible, selon les circonstances, de délivrer un message de paix, ou au contraire de justifier l’élimination de ses opposants. Ce fut le cas avec le christianisme (saint Augustin a appelé explicitement à l’élimination des païens). Un même texte originel peut être susceptible de multiples lectures.