Trop femme pour être heureuse

Le Choix 
des femmes.
 Vers un nouveau féminisme. 

Fatma Bouvet de 
la Maisonneuve, Odile Jacob, 2011, 
190 p., 19 €.

Des récits de vie, la psychiatre Fatma Bouvet de la Maisonneuve en écoute tout au long de ses consultations. Des vies de femmes, chacune différente, mais toutes sous-tendues par les mêmes interrogations, les mêmes difficultés à s’épanouir dans leur couple, leur famille ou leur travail. Des femmes ordinaires, ni spécialement névrosées ni atteintes de syndrome particulier qui pourrait justifier leur état ; parfois même brillantes, pourvues de solides compétences professionnelles ou artistiques, d’un physique plutôt agréable… Alors pourquoi ? Qu’est-ce qui dysfonctionne chez ces femmes qui se disent en souffrance, craquent ou s’épuisent jusqu’au burnout, tombent parfois dans l’alcoolisme ?

Prenons l’histoire de Marie, 35 ans, professeure d’histoire et de géographie. Intelligente, sensible, cette belle brune aux yeux de braise irradie par sa féminité. Et c’est justement là que le bât blesse. À son travail, elle porte son corps comme une croix, jugée d’apparence « trop féminine » par ses collègues (femmes et hommes). « J’aimerais parfois m’enfouir sous terre pour cacher mes formes », dit-elle souvent. Car, même si elle veut passer inaperçue, sa plastique ne le permet pas. Elle devine dans le regard des autres des commentaires (« pétasse », « allumeuse »…) ; sa poitrine pulpeuse, son visage de fée sont un outrage dans le monde asexué de l’Éducation nationale. Lorsqu’elle veut aider ses collègues en difficulté, en se rendant par exemple disponible après les cours, elle se sent soupçonnée de tentative de manipulation. Son physique serait une arme à séduire, à envoûter : elle est suspecte a priori.