Pourquoi avoir choisi de questionner les effets du télétravail sur la mobilisation des salariés en entreprise ?
Depuis 2010, la participation des salariés aux actions collectives ne cesse de diminuer. Personne ne savait si le télétravail contribuait à cette tendance, mais on pouvait le soupçonner. Par ailleurs, le lien entre télétravail et mobilisation collective en entreprise n’avait pas ou très peu été interrogé. La plupart des études se concentraient sur ses effets sur la vie privée ou sur son impact sur l’organisation du temps de travail des salariés. Il y avait donc là un terrain de recherche très peu exploré. J’ai d’abord consulté les données de l’enquête REPONSE (relations professionnelles et négociations d’entreprise), menée en 2017 par le ministère du Travail. Le télétravail ne concernait alors que 7 % des salariés en France, en majorité des cadres qui y avaient recours de façon ponctuelle. Mes travaux ont montré que, si le télétravail reste occasionnel, le salarié reste aussi impliqué dans les actions collectives de son entreprise qu’un employé en présentiel. Toutefois, ces données laissent entrevoir une réalité aujourd’hui révolue, puisque la part de télétravailleurs est passée à 43 % en 2021. L’usage du télétravail s’est systématisé et environ 20 % des télétravailleurs ont été confrontés à plus de trois mois de télétravail consécutifs. Il n’est plus occasionnel, ce qui change fortement la donne.