L'avènement de l'Homo numericus

L’impact des écrans sur nos vies donne lieu à un débat entre technophiles, technophobes et technomodérés. Et leurs positions cadrent mal avec les acquis des recherches sur les effets des techniques sur la vie quotidienne.

On les a baptisés les « digital natives » ou la « e-génération ». Howard Gardner parle de la « App generation » 1. Michel Serres les affuble d’un « Petite poucette » 2 parce que leurs pouces s’agitent en permanence sur leur smartphone. Cette génération, née avec téléphone ou tablette numérique en main et des écrans devant les yeux, représenterait une espèce en voie de mutation, une mutation dirigée par une sélection artificielle : celle où technologies numériques et humains sont entrés en symbiose.

C’est ainsi que le numérique a envahi nos vies : pour communiquer, s’informer, étudier, se divertir, jouer, consulter, acheter et ventre. Mais comment mesurer l’impact global cette mutation sur nos vies ?

Le débat autour de l’avènement de l’Homo numericus a été bien balisé depuis deux décennies. Il n’oppose pas uniquement les technophiles (un nouveau bond pour l’humanité !) et les technophobes (une régression culturelle, une tyrannie technologique !) mais aussi les technomodérés, (comme toujours dans l’histoire, il y a autant d’avantages que d’inconvénients !), les technoneutres (la technique ne fait rien par elle-même, c’est son usage qui compte !), sans parler des techno-agnostiques qui réservent leur jugement.

Les positions étant connues, le débat est également bien fléché. Il se cristallise autour de quelques grands enjeux récurrents : Internet rend-il idiot ? les écrans contribuent-ils au délitement du lien social ? Assiste-t-on à l’émergence d’un Homo numericus nouveau ? Et si oui, à quoi va-t-il ressembler ?