La montée des valeurs féminines

Au printemps 2013, The End of Men, publié par une journaliste américaine, a suscité des polémiques enflammées (1). Hanna Rosin y décrit une société américaine où les femmes auraient pris les rênes de leur vie, assurant des rôles tant économiques que domestiques, laissant à la traîne des hommes incapables de s’adapter aux nouvelles normes des sociétés contemporaines.

Certes, le trait est forcé… Outre les changements qui s’observent dans les identités masculines, H. Rosin a oublié notamment que dans la vie politique et les hautes sphères du pouvoir économique, les femmes restent encore minoritaires partout dans le monde. Aux États-Unis, elles ne représentent que 3 % des PDG des entreprises les mieux cotées, 17 % des membres du Congrès. Mais n’a-t-elle pas juste anticipé sur certaines évolutions en cours ?

Rappelons qu’en moins de deux générations, c’est une véritable révolution qui s’est opérée pour celles que l’on désignait comme « le sexe faible ». Dans tous les pays développés, les filles sont devenues plus diplômées que les garçons, plus nombreuses à s’impliquer dans des études longues. Cantonnées longtemps aux matières littéraires, elles investissent des bastions autrefois masculins, comme les facultés de droit ou de médecine (tout en restant en retrait dans les études mathématiques et technologiques).

C’est aussi toute la configuration des sociétés qui a changé. « La vie économique et sociale se féminise massivement », titrait le quotidien Le Monde en mars 2010, notant qu’en France comme dans de nombreux autres pays, la majorité des femmes cumulent activité professionnelle et vie familiale. Aujourd’hui, les femmes affichent leur présence dans nombre de professions et conquièrent progressivement des places dans les plus hautes sphères de la société. Aux Philippines par exemple, elles sont plus nombreuses que les hommes dans les fonctions d’encadrement, notamment dans le monde de la finance.