Les apprentissages implicites au travail

L’expérience professionnelle est faite d’une multitude de savoirs informels. 
Les apprentissages implicites notamment, souvent inconscients, en constituent 
une grande part. Mais pour les transmettre, il faut déjà les débusquer.

Qu’apprend-on réellement à faire en situation professionnelle dans son entreprise ? Cette question reste étonnamment énigmatique pour les professionnels, les entreprises et la recherche. Pour preuve, la difficulté que rencontrent les entreprises à apporter des réponses à un problème concret : « comment les seniors peuvent-ils transmettre leurs compétences aux juniors » ? Il existe une explication assez simple : la plupart des apprentissages professionnels sont informels. Si vous acceptez de vous poser cette question à vous-même : « qu’est-ce que j’ai appris de manière informelle à faire dans mon entreprise ? » vous remarquerez, peut-être, que les réponses sont relativement floues. Les apprentissages informels recouvrent en réalité trois types d’apprentissages :

• Les « ficelles du métier » : dans le milieu de la recherche par exemple, les apprentis-chercheurs apprennent discrètement à considérer des données qui ne vont pas dans le sens de leurs hypothèses comme étant « non significatives ». Ces apprentissages se partagent entre pairs et avec les membres de la communauté professionnelle. Les communiquer publiquement pourrait remettre en cause l’expertise revendiquée par l’entreprise ou la profession.

• Les apprentissages tacites : c’est par exemple la secrétaire qui détient parfois davantage d’informations utiles sur un dossier que le directeur, ou le technicien que l’ingénieur. Il s’agit alors de repérer les bons interlocuteurs en fonction des besoins. Les apprentissages tacites correspondent à des représentations (partagées ou non) relatives au fonctionnement d’une entreprise et qui ne se trouvent ni écrits ni verbalisés nulle part. La différence entre un « organigramme » (fonctionnement sur le papier) et un « sociogramme » (le fonctionnement réel) illustre bien l’importance des apprentissages tacites.