Y a-t-il une psychologie des marchés ?

Selon quelles règles et stratégies les traders interviennent-ils en bourse ? Sont-ils vraiment sujets à la panique et au comportement moutonniers.

Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed), avait stigmatisé en son temps « l’exubérance irrationnelle » des marchés. Durant la crise, on entend beaucoup parler de « panique » et de « folie » des marchés. On croyait que le capitalisme était le règne de « monstres froids » évoluant « dans les eaux glacées du calcul égoïste » (Karl Marx). Voilà que l’on découvre que les marchés seraient des êtres irrationnels et émotifs passant de « l’euphorie » à la « panique ». Voyons donc qui sont ces marchés à qui l’on attribue des conduites borderline*.

 

« Qui » sont les marchés ?

Sur les marchés financiers, les principaux opérateurs sont les gros investisseurs tels que les banques, les grandes entreprises, les fonds de placement (comme les hedge funds*), les assureurs, les fonds souverains* et quelques très gros particuliers (comme Warren Buffett ou George Soros), capables de mobiliser des sommes énormes.

Ces opérateurs interviennent sur les bourses par le biais de professionnels – notamment les fameux traders* – et de toute une série d’intermédiaires chargés de conseiller et de négocier des produits financiers dans les salles de marché (1).

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Rendons-nous dans la salle de marché d’une grande banque (2). Devant trois écrans placés, un trader suit l’évolution des cours d’un secteur dont il a la charge. Son rôle consiste à prendre des positions (acheter des titres) puis à les revendre avec un bénéfice un peu plus tard. Un day-trader agit sur le très court terme : c’est un « chasseur de tendances ». Comment fait-il ses choix ? Certainement pas en fonction de ses seules intuitions. Il dispose de données sur les titres et sur l’évolution générale du marché, des informations économiques du jour, etc. De plus en plus, il est assisté par des outils mathématiques et statistiques sophistiqués, qui lui indiquent aussitôt les traces subtiles d’un retournement de tendance. Si, le matin à l’ouverture des cours, les titres achetés la veille s’orientent à la baisse, il cherche aussitôt à s’en défaire. Il suit en cela une bonne règle de trading qui veut que l’on doive « couper ses pertes » (c’est-à-dire vendre à perte au plus tôt). Stratégie qui va à l’encontre de la tendance naturelle – celle des particuliers et novices – à conserver ses titres en baisse, dans l’espoir d’une remontée. Un peu plus tard, si le cours reprend une courbe à la hausse, notre trader va racheter ces mêmes titres. Tout l’art consiste à tirer au mieux son épingle du jeu au jour le jour dans ce jeu de yoyo subtil où il faut anticiper un peu avant les autres.

(1) Voir Jean-Hervé Lorenzi et Philippe Trainar,(2) Voir par exemple Olivier Godechot,(3) Théorie économique(4) Michel Aglietta et Sandra Rigot,(5) Mancur Olson,