Alfred Binet (1857-1911), pour beaucoup, est « l’homme qui a inventé les tests d’intelligence », ce qui lui a souvent valu un commentaire critique : Binet aurait fourni à l’école un outil pour mettre à l’écart les enfants « moins doués ». Reproche fort injuste cependant, car pour lui, tous les enfants méritaient l’éducation.
Mais Binet est aussi l’auteur de nombreuses recherches novatrices dans le domaine de l’intelligence. Après une très brève carrière d’avocat, il se lance dans des études de médecine qu’il ne termine pas. Ayant fait la connaissance de Jean Martin Charcot, en 1883, il commence à étudier les hystériques dans le laboratoire de l’hôpital de la Salpêtrière. Puis son intérêt se tourne vers les gens « normaux ». Ce sont eux qu’il étudie dans le Laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne, où il entre en 1890. Il fonde, en 1891, L’Année psychologique, revue scientifique toujours existante.
Après la naissance de ses deux filles, son intérêt se concentre progressivement sur les enfants. En 1899, il adhère à la Société libre pour l’étude psychologique de l’enfant, dont il devient président en 1902 (elle prendra son nom après sa mort), et il fonde les Cahiers Alfred Binet. En 1905, il crée le Laboratoire de psychologie expérimentale dans une école de la rue de la Grange-aux-Belles, à partir duquel il multiplie les recherches dans les écoles. La même année, il publie, à la demande du gouvernement français, l’« Échelle métrique de l’intelligence » qu’il a élaborée avec un jeune psychiatre, Théodore Simon (encadré ci-dessous), et qu’il continuera à perfectionner au cours des années suivantes.