Les trois âges de l'autonomie au travail

C’est une histoire en trois temps : celle de l’autonomie cachée, puis de l’autonomie conquise, avant peut-être de se retourner contre ses conquérants…

1er temps : L’autonomie cachée

Il fut un premier temps où l’autonomie des salariés était cachée, usurpée et invisible. Selon le modèle classique du travail industriel ou bureaucratique, le salarié exécute ses tâches avec des directives précises et sous le regard d’un chef qui contrôle son travail. Or en 1963, quand Michel Crozier publie Le Phénomène bureaucratique, il dévoile une autre réalité. Certains salariés, en l’occurrence des ouvriers de maintenance d’une grande firme industrielle, disposent d’une « zone d’incertitude ». Étant les seuls à connaître le fonctionnement des machines qu’ils entretiennent ou réparent (les responsables ne savent pas comment ça marche), ils disposent d’une certaine autonomie dans la gestion de leur travail : décider eux-mêmes du délai de réparation d’une machine. Et donc, pouvoir non négligeable, pouvoir arrêter de leur propre chef une ligne de production…